La réponse de Pierre alias Parrolof
Pour répondre à votre question sur « comment étaler une bonne claque de vent dans un grain sur plan d’eau fermé ? », je pense que tout d’abord, cela dépend du bateau, lesté ou dériveur et de ce que l’on a vu venir ou pas. Ceci n’est que le fruit de mon expérience personnelle, et donc à confronter avec d’autres, sur les pontons de St.Nic. !
Sur « lesté » ou quillard, si l’on « a vu venir » le grain et que l’on a eu le temps de réduire de la toile, GV deux ris et le plus petit des focs, il vaut mieux se positionner au près serré, tout en ayant gardé une certaine vitesse au bateau. Cette vitesse est importante car il faut absolument rester maître de son navire. Parfois les risées ne sont pas orientées exactement dans la même direction que le vent initial. Il faut corriger rapidement, en lofant si la claque est plus ouverte que le vent initial (ceci afin de ne pas trop offrir de toile à gonfler), ou abattre si l’angle du vent se referme, afin de conserver une certaine puissance pour « avancer ». Eventuellement agir sur la GV (border= lof) ou sur le foc (border= abattée). Il s’agit de quelques secondes qu’il ne faut pas « louper ». Si le vent est vraiment trop violent et que ça commence à gîter sérieusement, choquer un peu de GV et foc, au besoin, mais sans laisser faseyer violemment car cela peut participer à la destruction des espars. (La gîte n’est pas une chose grave pour un bateau. Simplement, il faudra fermer la porte de la cabine et amarrer tout ce qui peut gicler. Mais théoriquement, et pratiquement, plus le bateau gîte et moins la force du vent s’exerce sur les voiles, et plus le lest fait son effet. Tous les voiliers sont conçus pour gîter. Sur un petit voilier, l’équipage doit participer à la contre-gîte). Les écoutes doivent être claires (sans amorce de nœud) et prêtes à être larguées totalement. Prévoir également de larguer la drisse de foc pour affaler tout si ça devient trop sérieux.
Sur dériveur léger, les choses sont un peu différentes, puisque l’équipage seul assure la tenue horizontale du bateau. Donc, il faut être encore plus prudent et espérer que les choses se passeront bien pour éviter le dessalage. Si l’on a vu venir et qu’on eu le temps d’affaler la GV, et si on laisse le bateau se mettre en travers du vent, la pression sur le gréement d’abord, et le tissu du foc que l’on a laissé hissé, va être souvent plus forte que la contre-gîte d’un équipage et son poids normalement adapté à la stabilité de la coque. Le résultat est un dessalage assuré, d’autant plus qu’à un certain degré de gîte, c’est la pression du vent sur la coque qui va finir le travail.
Si on maintient le bateau dans un près très serré dans les premières secondes de l’arrivée du grain, la pression n’arrivera pas à faire basculer le bateau de l’avant vers l’arrière. Cela laisse entendre aussi que le dériveur, en vent arrière sous foc seul entièrement choqué, peut assurer sa stabilité dans le grain. L’équipage, dans ce dernier cas, se tiendra dans l’axe du bateau, et plutôt vers l’arrière de la coque. Ce qui suit la première bourrasque, en général, est moins fort. Il s’agit ensuite de faire avancer le bateau sous foc seul en trouvant le juste équilibre entre l’angle par rapport au vent, une vitesse qui permet de manœuvrer et une gîte acceptable qui ne fait pas trop lofer.
Si l’on « n’a pas vu venir », et surtout dans le cas de lestés ou quillards, il se passera de toutes façons des choses désagréables :
Avec un lesté ou quillard, ce sont les dégâts de type éclatement de génois ou de GV, et à l’intérieur, au mieux, la bouteille de pastis qui se fracasse sur un équipet. La pression sur les voiles de petit temps est trop forte. La gîte est excessive, le bateau est de moins en moins manoeuvrable. Dans la panique parfois, on se retrouve dans un lof d’enfer qui met le bateau bout au vent, et donc non manoeuvrable. L’écoute de foc étant restée au taquet, le bateau va se mettre à abattre sous l’autre bord et ne pourra néanmoins plus avancer. Coup de gîte dans l’autre sens, et maintenant, c’est la bouteille de lait qui achève la sauce. Le bateau est à la merci du vent et de l’eau. A éviter.
Pour le dériveur léger, c’est moins grave. : Le dessalage assure la sauvegarde du bateau. Seul, l’équipage barbote doucement. Mais comme il est équipé d’une bonne combinaison néoprène, cela s’apparente à une baignade d’agrément. On attend que le grain passe en maintenant l’étrave face au vent. En général, c’est celui qui est le moins leste qui assure ce travail. Il faut parfois maintenir l’extrémité du mât pour éviter un retournement total. Et après : ressalage, et le parcours continue.
Une autre fois, on parlera de l’action des vagues, sur plan d’eau ouvert.